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Le Projet IMCISE

La cueillette de plantes sauvages : une filière mondiale aux enjeux peu connus

La cueillette est une pratique très ancienne remontant à la préhistoire, consistait à prélever des parties de plantes sauvages (fruits, fleurs, racines, feuilles, graines…), notamment à des fins alimentaires . Essentielle aux sociétés de chasseurs-cueilleurs, son importance a toutefois diminué avec l’avènement de l’agriculture. Cependant, on observe depuis le XXe siècle un regain d’intérêt notable, en particulier avec l’essor de l’industrie pharmaceutique, du mouvement « tout naturel » et de la phytothérapie.

Aujourd’hui, la cueillette de plantes sauvages occupe une place significative, bien que souvent méconnue, dans nos sociétés modernes. 60 % et 90 % des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) commercialisées dans le monde proviennent de spécimens sauvages (Jenkins, Timoshyna, et Cornthwaite 2018). Les impacts de cette pratique restent pourtant peu étudiés : seulement 7 % des 30 000 plantes concernées ont été évaluées selon leur statut UICN (Jenkins, Timoshyna, et Cornthwaite 2018). Or il peut y avoir des pressions localement problématiques pour la survie des espèces concernées.

Un exemple concret est la Fritillaria delavayi, une plante qui, en raison de la cueillette intensive, a évolué pour devenir plus difficile à repérer. Son apparence s'est adaptée pour mieux se camoufler dans son environnement, rendant sa détection plus compliquée pour les cueilleurs. 

Un exemple concret est la Fritillaria delavayi, utilisée pour la médecine traditionnelle en Chine. Enraison de la cueillette intensive, cette plante a évolué pour devenir plus difficile à repérer (Niu et al. 2020). Son apparence s’est adaptée pour mieux se camoufler dans son environnement, rendant sa détection plus compliquée pour les cueilleurs.

 

En France : une cueillette diversifiée mais parfois problématique

Grâce à sa diversité climatique, la France abrite une flore riche, avec plus de 10 % des 7 000 espèces recensées qui font l’objet de cueillettes commerciales (Lescure et al., 2015). Cependant, cette pratique peut devenir excessive et menacer certaines espèces à l’échelle locale. Bien que des efforts existent pour protéger les plantes rares, les connaissances sur les espèces couramment cueillies restent souvent insuffisantes. Une meilleure collecte de données et un suivi plus rigoureux sont nécessaires pour améliorer la gestion de ces ressources et garantir la pérennité des espèces récoltées.

 


Le pro
jet IMCISE

En réponse à ces problématiques, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) a financé le projet IMCISE, un contrat-recherche de trois ans coordonné par Johan Gourvil (DRAS – Direction de la Recherche et Appui Scientifique). Ce projet est porté par Guillaume Papuga (AMAP – Université de Montpellier) et Aurélien Besnard (CEFE – EPHE), qui encadrent la thèse de Chloé Mouillac.

Ce projet vise à évaluer l’état de conservation des plantes sauvages en France métropolitaine et en Corse, ainsi qu’ à adapter les programmes de gestion durable de la ressource en collaboration avec divers acteurs de la cueillette et de la conservation.

 

 

Les axes de recherche de la thèse

Chapitre 1 : Bilan de la cueillette en France métropolitaine (Corse incluse)
Ce chapitre analyse la diversité des plantes sauvages cueillies en France, leur répartition géographique, leurs stratégies écologiques et leur état de conservation, en vue d’une gestion durable des ressources.

 

Chapitre 2 : Hiérarchisation des enjeux de conservation
Il s’agit de prioriser la conservation des espèces cueillies en combinant critères biologiques, écologiques et ethnobotaniques afin d’identifier les espèces prioritaires pour orienter les initiatives de gestion durable.

 

Chapitre 3 : Enquête panorama de la cueillette
Ce chapitre vise à recueillir des données sur les pratiques de cueillette à travers des enquêtes auprès des acteurs de la filière. L’objectif est d’améliorer les connaissances sur les prtatiques de cueillette et d’identifier les espèces à risque.

Un questionnaire sur les pratiques de cueillette en France est actuellement en ligne. Que vous soyez amateurs ou professionnels, si vous avez des connaissances sur la cueillette, n’hésitez pas à le remplir en cliquant-ici. Vous pouvez également le transférer à toute personne intéressée. Les résultats seront publiquement disponibles en 2025.

 

Chapitre 4 : Modélisation de la distribution et de l’abondance des plantes sauvages cueillies
La modélisation de la distribution et de l’abondance des plantes cueillies permet potentiellement d’évaluer la ressource disponible, grâce à des modèles prédictifs basés sur des données écologiques et spatiales. L’objectif est d’explorer les possibilités d’application de ces modèles pour une gestion plus efficace.

 

Chapitre 5 : Gestion adaptative face aux enjeux de la cueillette
La gestion adaptative est largement utilisée  dans la pêche et la chasse pour encadrer durablement les prélèvements, en s’appuyant sur une régulation flexible basée sur des retours d’expérience et de terrain. Ce chapitre est donc un axe d’ouverture qui évaluera la possibilité d’appliquer la gestion adaptative à la cueillette.

 

 

Pour plus d’informations…

Vous pouvez contacter Chloé MOUILLAC : chloe.mouillac@cirad.fr  

 

 

 

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Références

Cunningham, Anthony B., éd. 2001. Applied Ethnobotany: People, Wild Plant Use and Conservation. London: Routledge.
Jenkins, M, A Timoshyna, et M Cornthwaite. 2018. « Wild at Home: Exploring the global harvest, trade and use of wild plant ingredients ». TRAFFIC.
Lescure, Jean-Paul, Thierry Thevenin, Raphaële Garreta, et Béatrice Morisson. 2015. « Les plantes faisant l’objet de cueillettes commerciales sur le territoire métropolitain. Une liste commentée. » Le Monde des Plantes, no 517, 19‑39.

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